Un salarié du secteur privé peut être tenu de respecter un préavis de départ à la retraite allant de un à deux mois, selon son ancienneté, alors que dans la fonction publique, la règle exige souvent un préavis de six mois. Une omission dans la notification écrite peut retarder la date effective du départ, voire impacter le calcul des droits à pension.Certaines conventions collectives imposent des délais ou des procédures spécifiques, parfois méconnus, qui peuvent modifier les conditions de départ. L’absence de coordination avec l’employeur ou les caisses de retraite peut aussi générer des interruptions de revenus.
Comprendre le préavis de départ à la retraite : ce qu’il faut savoir
Le préavis de départ ne se limite pas à un simple exercice administratif. Il fait partie intégrante du contrat de travail et s’inscrit dans le sillage des droits sociaux. Un salarié doit prévenir l’employeur de sa volonté de quitter l’entreprise, selon la marche à suivre prévue par la loi, les conventions collectives ou les accords internes. Ce courrier, qu’il convient d’adresser par écrit, lance le compte à rebours légal : la durée varie en fonction de l’ancienneté et du statut professionnel.
Poser la date de départ à la retraite implique de prendre en compte plusieurs paramètres. Parmi eux :
- âge légal de départ à la retraite : 62 ans, porté à 64 ans en 2024 ;
- nombre de trimestres cotisés : 172 pour les générations nées à partir de 1973 ;
- taux plein accessible dès 67 ans, même si la carrière n’est pas complète.
Partir sans avoir atteint tous ses trimestres expose à une décote sur la pension. Poursuivre au-delà ouvre la porte à la surcote. Un départ à la retraite avant l’âge officiel demeure envisageable dans certains cas, par exemple pour carrière longue ou inaptitude, à condition de répondre aux critères exacts.
La réforme des retraites et la loi du 9 novembre 2011 ont modifié la donne. Analyser son relevé de carrière devient alors indispensable pour mesurer l’impact de ces textes sur sa propre situation. Le moindre trimestre manquant, chaque année supplémentaire ou particularité de parcours peut peser sur le calcul du droit à pension, et donc sur son montant final.
À quel moment prévenir son employeur pour un départ serein ?
Informer l’employeur de son intention de partir à la retraite ne se décide pas à la légère. Le préavis de départ dépend à la fois du contrat de travail, de la convention collective ou, à défaut, du code du travail. Pour un salarié non-cadre, comptez généralement entre un et deux mois de préavis ; pour un cadre, ce délai peut aller jusqu’à trois mois. Ce temps est nécessaire pour permettre à l’entreprise de s’organiser et pour garantir la protection des droits du salarié.
La notification doit se faire par écrit. Choisissez la lettre recommandée avec accusé de réception pour officialiser la démarche et fixer la date de notification. Le préavis commence à la réception du courrier, ce qui détermine le début effectif de la retraite. Dans la pratique, il est recommandé de prendre les devants en déposant son dossier environ quatre à six mois avant la date souhaitée. Ce délai permet de rassembler les pièces, de vérifier l’ensemble de ses droits et de recevoir la notification de retraite à temps.
Jusqu’à la notification de départ, la loi permet encore de reporter ou d’annuler sa demande. Cette option, trop peu connue, donne au salarié la possibilité de revoir son calendrier, d’anticiper un changement ou de réajuster, si besoin, ses projets en fonction du montant futur de sa pension. Maintenir un dialogue clair et direct avec l’employeur facilite la transition, pour l’entreprise comme pour celui qui va franchir ce cap.
Pour accompagner cette étape, quelques points de passage s’imposent :
- Informer par écrit l’employeur, de préférence via un courrier recommandé avec accusé de réception.
- Respecter le délai de préavis prévu par le contrat ou la convention collective.
- Déposer ensuite le dossier de demande de retraite, idéalement entre quatre et six mois avant la date choisie.
Les démarches administratives essentielles avant de quitter la vie active
Anticiper sa retraite, c’est organiser chaque étape avec méthode. Premier réflexe : vérifier son relevé de carrière. Ce document personnel, disponible sur l’espace en ligne de l’Assurance retraite, liste tous les trimestres et périodes pris en compte. Repérez les erreurs, les périodes manquantes ou les oublis sur les salaires. Faites rectifier ce qui doit l’être, sous peine de subir une réduction de pension.
Prendre le temps de consulter le relevé individuel de situation (RIS) et l’Estimation Indicative Globale (EIG) permet d’affiner son estimation : la simulation sur ces outils oriente vers la date de départ qui offre le meilleur compromis. Un salarié qui réalise cette vérification détecte parfois une année manquante, souvent liée à un changement d’employeur ou une période d’activité non déclarée : mieux vaut régler ces détails avant de transmettre la demande de retraite.
La constitution du dossier nécessite la fourniture de plusieurs documents. Voici ce qu’il faut rassembler :
- justificatif d’état civil ;
- RIB ;
- avis d’imposition ;
- derniers bulletins de salaire ou attestations d’employeurs.
Pour ceux qui demandent une retraite anticipée (carrière longue, inaptitude…), pensez à inclure l’attestation adaptée. Les travailleurs indépendants, eux, doivent aussi préparer la cessation d’activité, organiser la transmission de leur entreprise ou anticiper la gestion de leur patrimoine. Se projeter, c’est aussi planifier ces aspects.
Remplir toutes les démarches peut demander plusieurs mois. Les caisses de retraite sont particulièrement attentives à la qualité du dossier reçu : tout oubli risque de retarder le premier versement. Une préparation minutieuse garantit une transition fluide et écarte le risque de mauvaises surprises au passage à cette nouvelle étape.
Ressources et conseils pour aborder sa retraite en toute confiance
La préparation de la retraite va bien plus loin que les seules démarches administratives. L’Assurance retraite propose à chacun d’estimer sa future pension avec un simulateur en ligne et d’obtenir des informations personnalisées sur ses droits. Centraliser ses demandes auprès des différents régimes facilite grandement la gestion et limite les risques d’erreur. Cette anticipation allège la charge administrative lors du passage à la retraite.
Côté santé, un bilan gratuit peut être organisé pour faire le point sur les besoins médicaux et ajuster sa complémentaire santé. Un rendez-vous sur une plateforme spécialisée ou directement avec l’Assurance retraite permet d’en bénéficier. Enfin, pour qui souhaite poursuivre une activité, la possibilité de recourir au cumul emploi-retraite ou à la retraite progressive donne de la souplesse. Un conseiller retraite saura fournir des explications adaptées à chaque cas, notamment sur le cumul des revenus et ses modalités.
Sur le plan patrimonial, il est avisé de s’y prendre plusieurs années à l’avance : ouvrir un Plan d’Épargne Retraite (PER), privilégier une assurance-vie ou un PEA permet d’optimiser sa transmission ou son pouvoir d’achat futur. La loi PACTE encadre ces outils financiers et garantit une certaine souplesse d’utilisation à ceux qui construisent leur stratégie à temps.
Demander un entretien d’information retraite auprès de votre caisse vous permet d’obtenir des réponses claires et personnalisées. Ce rendez-vous lève de nombreuses incertitudes et met une feuille de route concrète entre les mains du futur retraité.
Préparer sa retraite ne revient pas à tourner une page à la hâte. C’est l’opportunité de reprendre la main sur son parcours, de rafraîchir ses projets et de choisir, en conscience, le cadre de la suite. Le véritable point de départ, c’est celui qui se décide, pas celui que l’on subit.


